Romain 8, 31-39 et Jean 20, 1-10

Message partagé lors du culte de Pâques, dimanche 9 avril 2023

Le récit de ce matin est d’une richesse extraordinaire, il y a là des subtilités, es finesses qui sont propres à l’évangiles et qui démontre comment le Christ est concerné par nos vies et impliqués dans nos vies.

Il y a trois personnes et chacun va réagit différemment à la découverte du tombeau vide.

Commençons par Marie de Magdala : Elle voit la pierre roulée, elle voit comme je vous vois et elle interprète selon son désir, car elle a un lien d’attachement passionnel. Le corps de son Jésus a disparu. Elle cherche à le voir, comme nous aimerions voir de nos propres yeux une preuve irréfutable de l’existence de Dieu, comme nous aimerions avoir une preuve indéniable de ce qui se passera après notre ici-bas. Pour envisager la résurrection, elle devra se laisser déplacer, Cela se fera en s’entendant appeler par son nom sans qu’elle le voit puisqu’elle ne le reconnaitra pas en le voyant, mais elle le reconnaîtra par sa voix, sa parole qui la nomme comme fille bien aimée. L’évangile de Jean parle de signe de la résurrection ; voici donc le premier signe, vivre la résurrection c’est entendre le Christ me nommer par mon prénom. Le pré-nom, c’est ce qui vient avant le nom de famille pour distinguer les individus. Un enfant disait : « la plus belle preuve de l’existence de Dieu, ce sont les mamans. » Oui, les mamans parce que chaque fois, ou presque, qu’elles prononcent le prénoms de leur enfants, il y a de l’amour.

Le second personnage de notre récit, c’est Pierre. Ilentre le premier et il voit, littéralement dans le texte il « considère » (ce n’est pas le même verbe pour voir que pour Marie de de Magdala) nous dit littéralement le texte les bandelettes, les linges… Il rationalise, il intellectualise. Que fait-il de cela ? Rien, car la foi invite à une autre posture. Que s’est-il vraiment passé ? Qu’y a-t-il après la mort ? sont des questions certes intéressantes, mais ce n’est pas encore la foi. Autrement dit, la résurrection est à vivre déjà dans nos vies aujourd’hui. D’ailleurs, l’enfant ne se préoccupe généralement pas de l’avenir, il est concentré sur le moment présent.

Connaissez-vous l’histoire de l’homme qui obtient un rdv avec Dieu : Un homme entend dans sa prière que Dieu lui donne rdv pour le lendemain à 17h00. Fou de joie, il prépare, arrange sa maison, fait ses courses et prépare un festin. Le lendemain, dès le matin, des gens le sollicitent ; un neveu a besoin d’un coup de main pour son déménagement, la voisine malade lui demande de conduire ses enfants à l’école… Mais lui, beaucoup trop occupé, répond à chaque fois qu’il n’a pas le temps. Un magnifique champ de fleur se présente devant lui, de quoi être admiratif, mais il n’a pas le temps. Des enfants jouent, rient dans la cour d’école, de quoi sourire avec eux, mais il n’a pas le temps ; un ami lui téléphone pour prendre de ses nouvelles, mais il n’a pas le temps. Les heures passent, 17h00 arrive, mais rien, 18h00, 20h00, rien. Il demande alors à Dieu : Pourquoi n’es-tu pas venu ? Et d’entendre : Je suis venu de nombreuses fois, à travers tes rencontres, mais à chaque fois, tu disais que tu n’avais pas le temps. Plus j’attendrai Dieu, plus je l’attendrai de la manière dont je veux qu’il vienne. Dieu n’est pas d’abord à attendre, mais à accueillir. Et un enfant à qui on vient de raconter cette histoire de dire : « Il faut que je sois là pour l’accueillir, si Dieu veut pouvoir venir ! »

Et finalement le troisième personnage est le disciple bien aimé, (il est couché sur le sein de Jésus au dernier repas Jésus est couché dans le sein de Dieu nous dit le prologue de Jean.) Il nous est dit :  il entra, il vit et il cru, et rien de plus. Il vit une expérience, il voit ici non pas le mot grec qui dit qu’il constate ou considère comme pour Marie de Magdala ou Pierre, mais il en fait l’expérience. Ce qu’il voit c’est l’absence, le vide et il croit. Il voit et il fait confiance, il ne cherche pas d’explications, il ne cherche pas à tout comprendre. Le tombeau est vide et il croit.

Cela signifie d’une part que les vides font partie de la vie. Une personne s’étant beaucoup impliquer pour les autres, peinant à dire non, me disait : Parfois, je me sens comme vide. Des personnes arrivant à la retraite, devant construire un quotidien sans les points de repères habituels, sans un travail qui valorise me disait : je me sens comme face à un vide… Et que dire lorsque nous perdons un proche… Les vides font partie de la vie, mais ils sont traversés par le ressuscité pour en faire quelque chose avec nous. Qu’en fait-il ? c’est à nous de le découvrir. Comment le fait-il ? Et bien je crois, comme marie de Magdala, Pierre et le disciple que Jésus aimait se sont arrêté près du tombeau, c’est à nous chaque jour de nous arrêter. Même si ma journée ne se déroule pas comme je le souhaiterais, où est-ce que je peux discerner l’œuvre du resuscité ? Hier soir, je contactais une personne présente ce matin, elle me disait sa réjouissance en entendant une magnifique œuvre musicale, voilà ce qui pourrait aussi être un signe de résurrection.

Nous arrêter, également pour mieux entendre le Christ qui nous appelle jour après jour par notre prénom. Il nous appel avec un amour qui peut plus que ce que nous imaginons. Alors que nous vivons nos journées avec une humeur et un moral qui peuvent fluctuer au gré des événements, son amour ne fluctue pas.

J’aimerais terminer avec le poète Christian Bobin : Notre vie écrit-il, est comme un vêtement que nous portons. Lors d’événements difficiles, il se froisse ou s’effiloche ; lors d’événements douloureux, ses coutures se tendent, voir se déchirent. Et pourtant, il tient, comme notre vie tient malgré tout. Et s’il tient c’est parce qu’une voix nous appelle en nous aimant. Nommer d’amour fait venir l’unique au monde. Christian Bobin

A nous de faire confiance que cet amour peut nous ressusciter ; à nous de faire confiance que cet amour peut plus que ce que nous imaginons.  Oui, le Christ est ressuscité pour toi, pour vous et pour chacune et chacun d’entre nous, alléluia. Amen

La mort et la résurrection de Jésus nous renvoient aux croix de nos églises. Et aujourd’hui, j’ai grand plaisir à vous présenter pour notre église, une nouvelle croix (je présente la croix avec du vide à l’intérieur). Une croix qui laisse passer la lumière, un Christ en mouvement parce qu’il est le vivant, une ouverture pour nous mettre en chemin, en route, en marche avec lui et c’est ainsi que je pourrai découvrir que la plus belle preuve de l’existence de Dieu c’est l’amour, il m’appelle avec amour, et c’est ainsi dire moi aussi : Me voici Seigneur, viens vivifier la maison de ma vie. Amen