Message partagé lors du culte du Souvenir, dimanche 26 mars 2023
Parfois, notre vie ne semble tenir qu’à un fil… (nous voyons un fil au bout duquel se trouve un grand ballon cœur)
Nous pourrions certainement évoquer ces situations où notre existence s’est fragilisée. Un ami a eu une attaque, nous avions le plaisir de nous retrouver lors des manifestations de courses à pied. Il n’a plus pu y revenir ! Une personne me disait : J’ai vécu comme un paradis jusqu’il y a 7 ans, lorsque mon épouse est décédée…
Chère famille, chers proches, le départ d’un être cher comme vous l’avez vécu, même si, selon les situations, vous avez pu ressentir une part de soulagement, restera certainement un événement qui vous a profondément marqué.
La semaine dernière, je suis aller visiter une personne qui a perdu son mari il y a deux mois. Elle me disait : « Je n’aurais pas pensé que ce serait si difficile. Je croyais que je serais capable de mieux faire face, mais je réalise que j’ai l’ennui, qu’il me manque beaucoup plus que ce que j’aurais pensé. »
Oui, même si elle ou il était bien âgé ; même si son départ a été un certain soulagement après la maladie, une santé qui se fragilise peu à peu, le départ de celles et ceux qui ont compté nous affectent bien souvent plus profondément que ce que nous le pensons.
Parfois, nous nous sentons désorienté, perdus, comme si notre vie ne tenait qu’à quelques fils (en montrant la ficelle avec le cœur au bout). Ou peut-être que c’est comme si le fil de notre vie nous échappait.
Comme la veuve de notre histoire (1 Rois 17 ; 7).
La veuve qui ramasse ses deux bouts de bois sait que ses jours sont comptés. Dans sa cruche, à peine une paume de farine, dans sa jarre quelques gouttes d’huile. De quoi manger aujourd’hui et s’en aller demain.
Et là, juste là, il y a un indice révélateur de quelque chose ! Avez-vous remarquez ? « Elie se mit en route pour Sarepta. Lorsqu’il arriva à l’entrée de la ville, il vit une veuve en train de ramasser du bois » (1 Rois 17 ; 10) A l’entrée de la ville, au seuil. Là où la ville s’ouvre sur quelque chose de plus large; Là où il nous est rappeler qu’un passage permet d’entrevoir quelque chose en devenir, là où un espace est possible pour quelque chose de neuf.
Arrive donc Elie, qui ose réclamer du pain à cette veuve qui n’a rien. Mais c’est lui qui va la nourrir avec ces deux impératifs capables de délier en nous l’inquiétude et de libérer en nous la confiance. : « Ne crains pas » (1 Rois 17 ; 13), puis « va… et fait avec ce que tu as comme tu l’as dit »
Avec ce que tu as; non pas avec ce que tu aimerais avoir ou avec ce que tu penses ne plus avoir (nous avons plutôt tendance à penser que nous avons moins que ce qui nous est donné réellement).
La vie renaîtra pour cette femme dans le fait que, malgré sa vie qui ne tient qu’à un fil, ce fil, elle le tend, et pour le tendre, il faut ouvrir les bras. Ce fil elle l’offre, elle en fait quelque chose. Et ainsi, dans ce geste, elle découvrira d’autant plus la fidélité de Dieu.
Parfois ma vie semble ne tenir qu’à un fil, mais qu’est-ce que je fais de ce fil? Est-ce que je m’attache à ce qui ne va pas ? Est-ce que je me ligote à mes projets, figé sur la manière dont ils devraient se réaliser et pas autrement ? Et si je le tendais pour découvrir qu’il peut m’amener vers la vie plus loin que ce que j’imaginais. Et si je l’offrais pour voir comment il peut me relier. Avez-vous remarqué, plus nos fils se joindront à d’autres, plus ce fil deviendra solide, résistant.
Quand nous pensons n’avoir plus rien à offrir, ce qui nous remet d’aplomb, ce qu’on nous demande encore quelque chose. En donnant, nous sortons du souci de nous-mêmes et nous vérifions que nous sommes encore vivantes et vivants, nous découvrons comment Dieu avec finesse et discrétion nous relie à la vie et à ce qui fait vivre, avec un grand cœur.
Dans tout l’évangile, le Christ tend des fils aux femmes et aux hommes, quelques soient leur âge, leur vie, leur réussites et leurs échecs… avec un grand cœur.
Alors, pour exprimer un signe de ce Dieu qui nous relie à ce qui fait vivre, j’aimerais terminer par un brin d’humour, vous comprendrez.
Oui, j’espère que vous n’avez pas perdu le fil de mon propos.
Bon il me semble que personne n’a filé à l’anglaise si j’ai bien regardé. Et si vous n’auriez pas tout suivi ou compris, n’hésitez pas à me lancer un coup de fil. Quand je tends le fil, je pourrais bien découvrir, de fil en aiguille, que c’est ma vie qui enfile peu à peu les habits pour le printemps qui vient. Amen