Psaume 145, 1 à 12 et Marc 11, 1 à 10

Message partagé lors du culte des Rameaux, dimanche 2 avril 2023.

Introduction : Le contexte est un contexte de libération. En effet, plusieurs éléments indiquent que le rédacteur a voulu placer cet épisode dans le cadre de la fête des tentes, parfois connue sous le nom hébreu de Soukkoth. Les branches qui sont coupées étaient celle utilisée pour formaliser des cabanes, qui devaient être très modestes, comme elles le furent après la sortie d’Égypte, durant la traversée du désert. Aujourd’hui encore, quand les juifs fêtent soukkoth, ils doivent faire attention à ce que l’abri qu’ils vont confectionner pour l’occasion soit assez modeste, précaire, pour qu’on puisse voire les étoiles à travers ce qui sert de toit. Ensuite, il y a le psaume 118 qui est proclamé. C’est le dernier psaume de la série qui est chantée durant la fête de Soukkoth, une des trois grandes fêtes de pèlerinage qui se tenait à Jérusalem.

Message : Quel beau message, Jésus est présenté comme un libérateur, or nous avons tant besoin d’être libéré n’est-ce pas ? De quoi ? Libéré de nos soucis ! Avez-vous remarqué comment, alors que nous passons une belle journée, un petit quelque chose peut nous mettre en souci pendant des heures, voir des jours. Libéré de nos peurs ? Peur de ne pas maîtriser le cours de nos vies, peurs de se sentir démunis face à telle ou telle situation. Des peurs qui peuvent être légitime, mais dont nous laissons souvent beaucoup de place. Je me souviens de cet homme qui avait eu une infection à un orteil, il avait été finalement amputé d’une jambe. Je ne sais pas comment je réagirais personnellement. Il se faisait beaucoup de souci : Vais-je pouvoir revenir à la maison et dans quelles conditions, pour quelle qualité de vie ? Et finalement, il a découvert que ça s’est passé bien mieux que ce qu’il imaginait. Libéré d’une maladie que nous aimerions voir s’effacer, libérer des conflits qui nous rongent. Je suis souvent surpris lorsque je visite une famille en deuil d’entendre des paroles comme : Il ne parlait plus à sa fille… Ils elle avait coupé les ponts depuis plusieurs années… Nous avons besoin d’être libéré et voici que Jésus est accueilli à Jérusalem comme le libérateur qui vient..

Les expressions proclamées d’une même voix, l’engouement populaire, l’enthousiasme communicatif qui s’expriment à l’arrivée de Jésus attestent que c’est un roi, comme les autres nations que l’on attend. Un roi, comme les autres nations, donc un roi guerrier, un roi qui écrase, domine, triomphe… . Or, le peuple se trompe totalement et ne perçoit pas les indices qui devraient permettre d’accueillir Jésus comme un roi humain, proche : Il n’entre pas à Jérusalem sur un char, mais un âne ; il ne répond pas aux acclamations, il n’entre donc pas dans cette perspective et puis, il ne s’arrête même pas, il ne fait que traverser la ville pour finalement se rendre à Béthanie pour vivre une rencontre en tête à tête, dans l’intimité. Jésus ne veut pas faire sans nous, mais avec nous.

Le peuple veut que Jésus soit ce roi qui balaiera l’adversité dans l’avenir qui vient, alors que Jésus se dévoile comme le roi de nos vies aujourd’hui d’abord. Parfois, nous aimerions peut-être que Dieu nous rassure en nous disant comment ce sera la vie après notre ic-bas. Mais il nous renvoie à l’aujourd’hui de nos vies d’abord : Comment vis-tu la confiance en moi ? Comment ta foi influence-t-elle ta vie d’aujourd’hui ? Oui c’est dans ton aujourd’hui que le Christ se révèle comme le roi de ta vie parce que ta vie est entre ses mains aujourd’hui. C’est donc bien en nourrissant notre confiance aujourd’hui que nous pourrons avoir confiance que le moment où notre vie basculera de l’autre côté comme on dit, notre vie sera aussi entre ses mains. (sans savoir qu’elle forme cela prendra)

Dieu ne veut pas faire sans nous, à nous de lui répondre par la confiance que notre vie est entre ses mains. Avec notre vie entre ses mains, nous découvrirons comment sa main est sur notre vie. 

Christian Bobin écrivait : L’enfer, c’est cette vie quand nous ne l’aimons plus. Une vie sans amour est une vie où nous nous sentons abandonnée.

Combien de fois dans nos vies, nous pouvons nous sentir abandonnés : un proche s’en va et c’est une part de nous-mêmes qui s’en est allé ; un échec et nous nous dévalorisons ; un accident, une maladie et nous pensons que c’est la vie qui s’enfuit nous laissant seul dans nos luttes. Tu ne peux pas aller ailleurs qu’entre mes mains te dit le Christ.

J’aimerais vous partager plusieurs prières qui ont été écrites au cœur de situation douloureuses. Des prière qui veulent justement exprimer cette confiance d’une vie qui reste entre les mains de Dieu malgré tout.

Christian Chergé (1937-1996) a été le prieur des moines de Tibhirine en Algérie. Sa vie menacée, il savait avec les autres moines de sa communauté que s’il restait en Algérie, sa vie était risquée. Il mourra assassiné en 1996. Dans ce contexte d’incertitude, voici ce qu’il écrit :

La Prière du Père Christian de Chergé : « Il m’a aimé jusqu’à l’extrême » :
« Il m’a aimé jusqu’à l’extrême. Il m’a aimé gracieusement, gratuitement,… comme je ne sais pas aimer. Il a aimé les siens jusqu’à l’extrême, ils sont tous à Lui, chacun comme unique, une multitude d’uniques. Il a tant aimé les humains qu’Il leur a donné son Unique : et le Verbe s’est fait FRERE. Amen. »

Prière de Francine Carrillo :

Quand nous sommes à bout de souffle et que le feu de notre vitalité s’éteint,
tu poses sur nous, ô Père, ton regard de tendresse!
Quand nous nous sentons pauvres et vides, sans rien à partager,
tu réveilles en nous la source de la générosité!
Quand nous désespérons de l’amour, et que nos relations sont habitées d’amertume, ouvre en nous une brèche où la vie peut s’habiller de l’amour de Toi.
Quand nous sommes repus de biens et que vient la peur de perdre,
donne-nous faim de ta parole pour que la confiance s’éveille encore en nous.


Prière de Dietrich Bonhöffer dans sa cellule : « Seigneur, une grande détresse s’est abattue sur moi. Mes soucis veulent m’écraser, je ne vois aucune issue. Seigneur, viens à mon aide. Donne-moi les forces pour supporter ce que je crois insupportable. Que ta présence me soutienne afin que mes craintes ne me dominent pas. Je remets ma vie entre tes mains. Que je vive ou que je m’en aille, je suis auprès de toi, tu es auprès de moi. Amen

Nous allons vers Pâques, Jésus mort et ressuscité. Dieu ne veut pas faire sans nous, à nous de lui répondre par la confiance que notre vie est entre ses mains. Avec notre vie entre ses mains, nous découvrirons comment sa main est sur notre vie.  Amen