Genèse 12, 1-4 Culte souvenir 2022

Message partagé lors du culte du souvenir, dimanche 23 octobre 2022 à Diesse

Textes de référence : Genèse 12, 1-4 et Matthieu 5, 13-16

Il y a une trentaine d’année, je perdais ma grand-maman. Parmi les nombreux souvenirs que je garde d’elle, c’est quand elle travaillait avec sa machine a raccommodé qu’elle faisait fonctionner par un mouvement des pieds. Je suis sûr que plusieurs parmi vous ont connu cela. Et je la voyais raccommodé un pantalon avec un patch comme on disait.

Et peut-être que plusieurs d’entre vous se souviennent même de la couturière qui venait à la maison ! Vous savez ce qu’elle faisait ? Par exemple, elle nous retournait un manteau. Comme on vous le dit ! Elle décousait tout, et avec l’étoffe tournée de l’autre côté, elle vous sortait un manteau neuf ! C’est alors notre regard qui changeait, nous ne voyons plus un vieux vêtement, mais ce qu’il a pu de venir. Peut-être est-ce là également le chemin que nous souhaitons accomplir : Ne plus voir uniquement leur départ, leur absence, mais ce qu’ils nous ont permis de devenir, ce qu’ils nous ont appris et cette part qui reste vivante en nous quand nous pensons à eux.

Chères familles, ce culte du souvenir ravive certainement en vous de l’émotion en pensant bien sûr à celle ou celui qui s’en est allé, de nombreux souvenirs doivent  revenir, la tristesse du départ d’un proche, la prise de conscience que la vie se poursuivra bien sûr mais autrement, d’une manière différente.

Mais, j’espère aussi qu’il est l’occasion de vous rappeler ce qui a été beau et doux, les beaux souvenirs qui vous font dire en vous-mêmes : C’était elle, c’était lui.

Abraham et Sarah sont âgés. Le récit biblique insiste sur cet âge avancé, de plus Sara est stérile, le récit biblique insiste sur cette impasse de vie, mais le récit biblique insiste également sur le fait qu’Abraham et Sarah sont bénis. Le mot se retrouve 5x dans les quelques versets que nous avons entendus. Abraham et Sarah sont appelés à partir à quitter leur pays avec comme seul bagage une bénédiction. Si Abraham et Sarah sont bénis, la logique nous pousse à croire en un avenir fait de joie, de réussite et de paix. S’ils sont bénis, la logique nous pousse à croire qu’ils feront face aux tempêtes avec courage, volonté et persévérance…

Et pourtant, leur périple ne sera pas vraiment joyeux et paisible. Ils sont touchés par la famine, ils s’enfuiront en Egypte. Puis, des fléaux s’abattront sur le pays, il faut fuir à nouveau. Les années passent le doute s’installe quant à la réalisation de la promesse d’avoir une grande descendance, des querelles avec des tribus voisines, des jalousies, des séparations, des départs… Ce qui fait la vie humaine !

Alors qu’est devenu cette fameuse bénédiction de Dieu dont le récit insiste particulièrement ? S’est-il dilué avec le temps ? N’était-ce que des paroles en l’air ?

Malgré notre foi, malgré notre confiance malgré notre courage, nous le savons bien, notre peine ne s’estompe pas si facilement ; nos interrogations et nos pourquoi ne trouvent pas toujours de réponses et la fissures qu’a pu provoquer chaque départ laisse malgré tout une cicatrice qui peut rester douloureuse.

En quoi la bénédiction de Dieu peut-elle nous aider malgré tout ? Comment peut-elle devenir une force qui fait vivre ?

Finalement la promesse de Dieu se réalisera après bien des signes qui donnent à croire qu’elle ne se réaliserait pas. Il y a ici, je le crois un réalisme qui peut nous sauver des fausses promesses et des espoirs qui s’usent avec le temps. Ainsi la bénédiction de Dieu n’est pas la promesse que nos espoirs et nos désirs se réalisent comme nous l’espérions au fond de nous-mêmes, mais la promesse d’une bienveillance qui nous accompagne jour après jour, la promesse d’une bonté qui nous est adressée jour après jour, non pas pour marcher à grands pas, mais pour pouvoir simplement se frayer un chemin malgré ce qui nous attriste, nous usent et nous immobilise dans la peine.

Être béni de Dieu, c’est donc bien redécouvrir que nous sommes bien mieux reliés que ce que nous le croyons, malgré parfois les apparences.

Un collègue me racontait que dans sa paroisse, il y avait une infirmière qui terminait son travail au moment où le culte arrivait à sa fin. Et pourtant, elle venait au plus vite pour arriver avant la fin du culte, pourquoi ? Parce qu’à la fin du culte, il y a la bénédiction, Ce signe important pour elle. La promesse d’une bienveillance pour se sentir accompagnée jour après jour, la promesse d’une bonté qui lui est adressée jour après jour pour avancer au mieux dans ses journées.

Comme la couturière avait besoin de temps pour découdre le manteau, le retourner et en faire un neuf ; il nous faut bien davantage de temps que ce que nous l’imaginons pour apprendre à vivre autrement, différemment avec le départ d’un proche.

Et pourtant, même s’il faut souvent davantage de temps que ce que nous l’aurions imaginé, il y a et il y aura la promesse, comme pour Sarah et Abraham, d’une bienveillance qui t’accompagne jour après jour, la promesse d’une bonté qui t’est adressée jour après jour, non pas pour marcher à grands pas, mais pour pouvoir encore et à nouveau se frayer au mieux un chemin vers demain.

C’est ce que je vous souhaite de tout cœur à chacune et chacun.

Amen