1 Thes 5, 6-8 Veilez et priez 1er dim Avent

Message partagé lors du culte du dimanche 27 novembre 2022 à Diesse

Premier dimanche de l’Avent

Textes de référence : Luc 1, 26-38 et 1 Thessaloniciens 5, 6-8

« Vous tous, vous dépendez de la lumière, vous appartenez au jour. Nous ne dépendons ni de la nuit, ni de l’obscurité. Ainsi, ne dormons pas, restons éveillés et sobres. » 1 Thessaloniciens 5, 6-7 

« Soyez joyeux, prier sans cesse et remerciez Dieu, voilà ce que Dieu demande dans votre vie avec Jésus-Christ » 1 Thessaloniciens 5, 16-18 

L’été dernier, nous sommes allés retrouver des amis qui vivent à la Grande Canarie. L’avion a atterri sur l’île alors qu’il était presque une heure du matin. Nos amis étaient là, grands sourires pour nous accueillir, nous serrer dans les bras, nous étions attendus et cela fait chaud au cœur !

Ma plus belle réussite, c’est ma famille affirme Julia. Ma plus belle réussite c’est de m’aimer enfin tel que je suis vous dira Simon arrivant à la soixantaine

Mes réussites ont souvent été précédées d’échec témoigne Samanta. Ma plus belle réussite, c’est d’avoir réussi à rénover notre maison dit fièrement Alexandre

Vous avez certainement aussi en mémoire des réussites dont vous êtes peut-être fiers ou qui vous ont apporter de grandes satisfactions.

Avez-vous remarqué combien la priorité des réussites a pu évoluer l’âge avançant. Tout d’abord, enfant, c’est la réussites scolaires, sportives, puis la réussite professionnelle, familiale… J’ai toujours été marqué avec les catéchumènes lorsque nous leur demandons de s’exprimer sur leur rêve de réussite : Les garçons rêves de gagner beaucoup d’argent, d’avoir une belle voiture, de la notoriété… Alors que les filles elles rêvent de réussir leur vie en fondant une famille, en ayant des enfants…

Mais réussir sa scolarité, sa vie familiales et professionnelles, est-ce la garantie de réussir sa vie ?

Ces réussites sont importantes, mais elles n’empêchent pas la maladie, les découragements, les deuils, les soucis, les colères, les injustices…

La Bible ne dit pas croyez en Dieu et vous réussirez, croyez en moi et la réussite sera au rdv…

Un des fils rouges qui parcourt les Écritures tant Ancien et Nouveau Testament tient en deux mots : Veillez et priez – Priez et veillez ! Lorsque nous prions, nous ne cherchons pas l’exaucement de nos désirs, mais la réalité de Dieu, et nous sortons de la pièce les miroirs de nos désirs dans laquelle nous étions enfermés.

Quand nous disons, notre Père qui est aux cieux, ce n’est pas affirmer que Dieu est au ciel et non pas parmi nous, mais une belle manière d’annoncer que notre lien à Dieu nous permet d’entrevoir nos situations autrement, différemment, à partir d’un autre regard.

L’attitude de prière des premiers chrétiens, telle qu’elle est représentée sur les inscriptions dans les catacombes romaines, montre des gens les bras tendus, le visage relevé et les yeux grand ouverts, debout et prêts à avancer ou à sauter. Cette attitude évoque une veille attentive et non une méditation silencieuse.

C’est … qui donne l’image des mots croisés, en disant que l’horizontal de notre vie est croisé par la verticale de Dieu et que lorsque nous sommes attentifs à ces croisements, notre réalité est perçu différemment : Notre déception face à un échec laisse place à la confiance que Dieu me témoigne ; un désaccord ou un conflit est traversée par une paix donné par-dessus les tensions intérieures, la maladie devient peut-être cheminement d’une solitude révoltée à la découverte que nous sommes bien mieux reliés que ce que nous pensons par la présence du Christ, de proches, d’amis…

Veiller et être sobre : tel est le conseil suivant qui nous est donné (1 Th 5,6-8). Les gens sobres sont ceux qui ne sont pas ivres et ne se font pas d’illusions. Ainsi, Veillez et prier, ce n’est pas chercher à se bercer de fausses illusions, mais bien d’apprendre à consentir à la réalité telle qu’elle est, apprendre à nous adapter à sa banalité comme à ses surprises; pour découvrir alors que la réalité est beaucoup plus colorée et plus fantastique que la représentation que nous nous en faisons, même si tout ne va pas comme nous le souhaiterions.

Vous savez, c’est les 2 pièces de plus dans le puzzle que je vous ai présenté lors du culte du Marché de Noël, alors que nous étions certains que tout était figé, sans perspectives…  ou la parole de Francine Carrillo quand elle écrit : La prière ne prend pas Dieu en otage elle s’emploie à défaire les cordages quand nous sommes enserrés dans nos peines et que nous ne voyons que ce qui ne va pas, que les soucis, que les déceptions…

Défaire les cordages pour mieux respirer, reprendre souffle… comme en témoigne Paul Ricoeur, l’un des philosophes francophones les plus marquants du 20ème siècle, il est mort en 2005. Il était également un chrétien engagé et dont la réflexion s’enracinait au cœur d’un vécu : « Avec l’âge, pour vivre en paix, j’ai dû accepter deux ou trois choses : accepter de ne pas avoir que des amis et de ne pas être aimé de tout le monde, mais également accepter de vieillir. Le chemin est difficile, parfois décourageant, mais cela n’empêche pas de faire des expériences d’éternité, quand des liens précieux se nouent avec d’autres, quand la foi vient nourrir une espérance qui nous porte même à travers la nuit.

Alors peut-être, peut-être que la réussite qui fait vivre, c’est de veiller et prier pour traverser le quotidien avec le plus de paix possible, pour affronter les moments plus difficiles avec le pus de paix possible. Et si nous pouvons nous engager sur ce chemin avec courage et confiance, c’est bien, en ce premier dimanche de l’Avent, parce que le Christ vient pour habiter nos cœurs, pour préparer nos cœurs afin que, quand la paix revient peu à peu, c’est notre cœur qui reprend de la couleur.

Ainsi, si nous pouvons être attendus par des amis à la Grande Canarie, par des amis que nous n’avons pas vu depuis longtemps, par des membres de notre familles que nous nous réjouissons de revoir, chaque matin, chaque jour, nous sommes attendus par le Christ pour se retrouver dans sa paix, pour se rencontre dans sa paix. Amen