Message partagé lors du culte du dimanche 29 janvier 2023 à Diesse
Texte de référence : Psaume 92 et 2 Corinthien 4, 15-18
Nous sommes pressés de toute manière, mais non pas écrasés ; désemparés, mais non pas désespérés ; persécutés, mais non pas abandonnés ; abattus, mais non pas perdus ; nous portons toujours avec nous, dans notre corps, la mort de Jésus, pour que la vie de Jésus aussi se manifeste dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, pour que la vie de Jésus aussi se manifeste dans notre chair mortelle. Ainsi, en nous, c’est la mort qui est à l’œuvre, mais en vous, c’est la vie. (…) C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si chez nous l’homme extérieur dépérit, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car un moment de détresse insignifiant produit pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. Aussi nous regardons, non pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; car ce qui se voit est éphémère, mais ce qui ne se voit pas est éternel.
Message inspiré du livre de Marie de Hennezel « L’aventure de vieillir »
Intro
Avez-vous remarqué ces personnes âgées dont le visage rayonne une beauté, dont les rides leur vont si bien et dont les sourires dégagent quelque chose de lumineux. Les rides sont à magnifier plutôt qu’à mépriser elles sont le craquellement qui met au monde l’être profond. Comme Sœur Emmanuelle par exemple. On ne le sait généralement pas, mais elle a beaucoup souffert dans sa vie, or dit-elle, la meilleure manière de ne pas rester obnubilé par ses propres difficultés, c’est de s’investir pour les autres, comme elle l’a fait pour les plus démunis.
(Disons-le clairement, nous ne sommes pas égaux face aux années qui passent. Certaines personnes font valoir des ressources insoupçonnées et d’autres sont davantage marqués par les forces et l’énergie qui diminuent peu à peu. J’ai rencontré des aînés qui, lorsque la maladie survient, ont voulu se battre avec courage et volonté et j’en ai rencontré d’autres qui souhaitaient s’en aller paisiblement.)
Les récits bibliques parlent bien de cette réalité de joie et de difficultés. Comme l’apôtre Paul qui ne cache pas ses épreuves et les moments difficiles qu’il traverse.
Saviez-vous qu’au Japon, on dit que la vie commence à 60 ans. Saviez-vous qu’en Afrique ; une personne âgée qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle dit-on.
Chez nous c’est plus compliqué, nous avons davantage peur de vieillir. Nous supportons assez difficilement le fait de perdre son indépendance et de ne plus contribuer à être productif comme lorsque nous étions actifs professionnellement.
Et bien, saviez-vous que les aînés ont de plus en plus de revendications et celle qui revient souvent est qu’ils ne veulent plus que l’on parle d’eux uniquement comme des personnes qui déclinent, comme une période triste de la vie. De plus, les personnes âgées souhaitent à ce qu’elles puissent s’exprimer, être consultés, quand il s’agit de décider pour elles. Notre société dit Marie de Hennezel a un problème avec la vieillesse, il y a 10-20 ans, elle achetait des crèmes anti-rides, aujourd’hui on parle davantage de crème anti-âge.
Vieille valise (celle utilisée pour les spectacles de magie)
Je présente des objets qui font référence à des besoins essentiels pour les aînés, puis je fais un petit sondage pour connaître le choix des personnes présentes
Présentation de ma vielle valise, symbole de mon voyage dans la vie, j’en sors : Un fruit pour 1) garder la santé. Une vieille et grande clé pour 2) rester indépendant, Les pierres en bois Montessori posée l’une sur l’autre pour 3) rester serein ; une étoffe avec une image de dollars pour 4) la sécurité financière ; Une image avec des bulles de bd pour 5) Rester relier, un panneau piste Vita pour 6) rester actif, garder ses activités
Message
Marie de Hennezel le dit bien, les besoins sécurité, de santé, d’indépendance… sont importants, mais parfois ces besoins ne sont pas totalement répondus parce que la vie ne nous le permet pas (la santé n’est pas celle que nous espérions par exemple…). Il y a un essentiel, dit-elle qui est très important, car il est vital pour une qualité de vie, même si certains besoins ne sont pas totalement satisfaits : La dimension intérieure.
Vieillir ce n’est pas toujours drôle, mais il peut rester la jeunesse du cœur. Une période permettant de développer davantage encore la dimension intérieure. Le besoin de sérénité évoqué avec les pierres de Montessori.
Marie de Hennezel fait référence à ce texte de l’apôtre Paul : « Tandis que notre être extérieur s’en va en ruine (se détruit, vieillit peu à peu), notre être intérieur se renouvelle de jour en jour. »
Woody Allen : Quand je me regarde devant un miroir, c’est désespérant, alors que quand je me regarde à l’intérieur je me sens plus jeune.
Combien de fois des personnes âgées m’ont dit qu’elles appréciaient davantage avec les années, les belles choses de la vie. Cette période peut être une belle période, on n’a plus rien à produire, ni à prouver, il y a donc plus disponibilité pour aller à l’essentiel => Ca peut donc devenir une période de découverte, de nouveauté, alors que je n’en n’avait pas le temps ou l’énergie auparavant. Les aînés savent souvent davantage s’émerveiller que lorsqu’ils étaient plus jeunes devant un tableau, un paysage, une lecture…
(Cette période peut donc devenir une période de voyage et d’aventure, plutôt que de désastre. Si c’est une aventure, c’est une posture qui reste ouvert au nouveau plutôt que de se focaliser sur une apparence de jeunesse., le retour de manivelle est d’autant plus douloureux quand nous sommes confrontés malgré tout à la réalité des années.)
(Nous sommes sensibles à la pub et à l’image de jeunesse et d’énergie que la société valorise ou aux exploits de certaines personnes âgées comme cet homme terminant un marathon à l’âge de 103 ans. Pas facile de ne pas ressentir la même énergie, de réduire son rythme de vie plutôt que de réussir à accomplir de véritables exploits. Oui, nombres d’aînés se plaignent d’être mis de côté, d’être considéré comme ne pouvant plus rien apporter…)
Marie de Hennezel souligne combien, en contrepartie, l’isolement peut-être une grande souffrance, quand nous pouvons avoir l’impression que notre avis ne compte pas, que ce que nous avons vécu, notre expérience de vie, ne fait plus le poids face aux questions d’aujourd’hui. Les aînés demandent que l’on s’intéresse davantage à eux. Comment répondre à cette invitation ? Marie de Hennezel souligne combien écouter une personne âgée c’est lui témoigner qu’elle est considérée, c’est lui témoigner qu’elle est estimée, qu’elle est quelqu’un tout simplement… Et c’est tellement nécessaire et précieux.
Prenons le temps de nous écouter les uns les autres, car vous savez, si nous avons deux oreilles et une bouche… c’est pour écouter deux fois plus que parler !
Je suis souvent ému et reconnaissant de ce qui m’est partagé lors des visites : impressionné de ce que vous avez vécu, comme Suzanne et Jeannette qui faisaient le chemin depuis la métairie de Diesse pour aller à l’école. Reconnaissant pour les ressources qui ont été données et reçu dans des conditions de vie parfois difficiles quand il fallait travailler aux champs à la main. Quand je vous écoute, vous m’apprenez la valeur des choses si simples soient-elles, vous m’apprenez la confiance qu’un chemin peut se tracer malgré les difficultés. Sœur Emmanuelle disait : «Regardez autrui, l’écouter, lui sourire, s’intéresser à lui, d’après-moi, c’est le commencement de l’être humain »
Que veut donc nous dire l’apôtre Paul avec son : Et même si chez nous l’homme extérieur dépérit, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.
Quand notre cœur semble vide parce que nous nous sentons isolé, parce que nous ne sommes pas écoutés, parce que nous ne sommes pas reconnu dans notre expérience, notre histoire… nous sommes d’autant plus sensibles à ce qui ne va pas, à ce qui ne répond pas à nos besoins, à ce qui nous frustre, nous déçoit… et nous allons vouloir chercher à l’extérieur, vers les autres pour être reconnus, estimés, aimés… Mais si notre cœur se rempli de liens les uns avec les autres et avec Dieu, notre cœur se rempli et réchauffe toute notre vie. Ainsi, nous allons avoir davantage envie d’aller vers les autres, d’être curieux, d’avoir des projets… Et vous savez comment nous pouvons réchauffer les moments bienfaisant que nous avons vécus, les souvenirs apaisant que nous gardons, nous pouvons les réchauffer par la reconnaissance, comme le dit Paul dans le même passage.
Et puis l’apôtre Paul parle en nous. Son témoignage est un nous. C’est ensemble, les uns avec les autres, les uns grâce aux autres que nous pourrons d’autant mieux cultiver cet être intérieur. Quand une personne me partage la joie qu’elle a pu vivre en voyant sa famille s’agrandir, c’est aussi sa joie qui m’anime ; quand une personne me partage son émerveillement devant les beaux paysages qu’elle a pu faire, c’est sont émerveillement qui se réveille aussi en moi ; quand un aîné me montre ce qu’il confectionné avec du bois, c’est sa satisfaction partagée qu’il me transmet ; quand une famille reçoit chaque semaine avec joie une voisine âgée pour le repas, c’est une part de leur joie qu’ils me partagent.
Prenons le temps de nous rencontrer, de nous écouter, de rire ensemble, de prier les uns pour les autres, car Dieu accompli là bien plus que ce que nous pouvons imaginer, car Dieu réchauffe là nos cœurs bien davantage que ce que nous pensons.
Bien sûr dans la valise de ma vie, il y aussi des tristesses, peut-être des regrets, probablement des cicatrices de ce qui a pu être douloureux à vivre et à traverser. Et pourtant, même si ma valise a quelques années, mêmes si elle est un peu cabossée par la vie (c’est le cas de le dire en montrant bien ma valise), il y a toujours un espace à l’intérieur pour y accueillir ce Dieu dont la joie est de venir habiter chez moi ! Amen
Intro Reconnaissance : Le regard et le sourire ne vieillit pas, la bouche, les yeux, mais le regard ne vieilli pas, tout comme le sourire. => nous sommes touchés par un beau sourire d’une personne âgées, ou de son n regard profond.
Oui, il y a des choses qui ne vieillissent pas : la curiosité, la perception (les aînés prennent plus de temps pour observer, s’émerveiller), des émotions comme la joie (mais il faut l’entretenir), l’ouverture du cœur, la qualité des liens => beaucoup de choses ne sont pas destinés à diminuer. Il y a donc bien des domaines à explorer, approfondir… même si nous sommes moins productifs ou performants
Intro Confession : Les 3 R : Regret, remort, rancune, un certain nombre d’aînés portent de nombreux regrets et rancunes… il est important de faire son possible pour les alléger… // le pardon de Dieu => mon amour t’es destiné malgré, ma présence t’es destiné malgré… (l’image du ballon et les nœuds, mais la ficelle qui se raccourci pour être plus proche de Dieu) ça peut aussi s’exprimer par le dessin, une lettre, aller parler aux personnes concernées… à chacune et chacun de trouver son moyen d’allègement
Intro Intercession : Certaines personnes décident de faire le chemin de St-jacques de Compostelle pour « vider » ses valises. Elle connait plusieurs personnes pour qui ça a fait du bien. Ont pris des petits cailloux dans leur sacs qu’elles ont déposé au fur à mesure
Quand une personne vous dit qu’elle prie pour vous, vous vous sentez davantage portés et accompagnés, apaisé et encouragés de ne pas vous sentir seuls.
Ce que l’apôtre Paul nous dit, c’est que dans la foi partagée et vécue ensemble, nous pouvons découvrir que notre lien avec Dieu ne vieillit pas, il évolue, change, se transforme, mais il ne vieilli pas qu’il y a des choses qui ne vieillissent pas :
Le regard et le sourire ne vieillit pas, la bouche, les yeux, mais le regard ne vieilli pas, tout comme le sourire. => nous sommes touchés par un beau sourire d’une personne âgées, ou de son n regard profond.
Oui, il y a des choses qui ne vieillissent pas : la curiosité, la perception (les aînés prennent plus de temps pour observer, s’émerveiller), des émotions comme la joie (mais il faut l’entretenir), l’ouverture du cœur, la qualité des liens => beaucoup de choses ne sont pas destinés à diminuer. Il y a donc bien des domaines à explorer, approfonfir… même si nous sommes moins productifs ou performants
Notre santé dépend de la couleur des pensées qui habitent notre dedans.
La médecine donne de plus en plus de moyens pour être dans la meilleure santé possible, mais je ne peut pas fonder ma vie sur l’espoir de voir ma vieillesse retardée. C’est ce qui nourri mon intérieur qui me permettra de rester vivant, ne pas chercher à d’abord ajouter des années à ma vie, mais plutôt de la vie aux années.
L’importance d’avoir des projets, des projets tous simples, projets au quotidien. De plus l’importance d’être davantage présent à ce que l’on fait pour être davantage nourri intérieurement.
Le regard et le sourire ne vieillit pas, la bouche, les yeux, mais le regard ne vieilli pas, tout comme le sourire. => nous sommes touchés par un beau sourire d’une personne âgées, ou de son n regard profond.
L’importance de son intériorité, partir de son intérieur à l’extérieur.
Annick de Souzenelle : En Hébreux, le mot joie et aîné à la même racine.
L’importance aussi de développer une sécurité intérieure, nous ne sommes pas égaux, mais ça peut se travailler. Par exemple : se rappeler un lieu où je me suis senti pleinement en sécurité => se transporter en pensée à ce lieu pour raviver la même émotion // dans la foi, dans un lieu, un événement, une présence où j’ai ressenti le calme, la paix… comme le peuple d’Israël que ne cesse de se souvenir.
La pleine conscience, se sentir présent aide à nourrir cet espace intérieur pour le garder éveiller à a curiosité, l’émerveillement…
Les 3 R : Regret, remort, rancune, un certain nombre d’aînés portent de nombreux regrets et rancunes… il est important de faire son possible pour les alléger… // le pardon de Dieu => mon amour t’es destiné malgré, ma présence t’es destiné malgré… (l’image du ballon et les noueds, mais la ficelle qui se raccourci pour être plus proche de Dieu) ça peut aussi s’exprimer par le dessin, une lettre, aller parler aux personnes concernées… à chacune et chacun de trouver son moyen d’allègement.
Certaines personnes décident de faire le chemin de St-jacques de Compostelle pour « vider » ses valises. Elle connait plusieurs personnes pour qui ça a fait du bien. Ont pris des petits cailloux dans leur sacs qu’elles ont déposé au fur à mesure.
« Tandis que notre être extérieur s’en va en ruine, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour. » Paul
Parfois, certaines personnes malades, lâches prises, ne cherche plus à maîtriser, à dominer et sont plus ouverts à ce qui est donné et à s’en réjouir (par ex : Sœur Gabrielle). Pourquoi certaines personnes peuvent et d’autres pas, ça reste un mystère pour Marie de Hennezel. Mais, l’apprentissage de ne pas vouloir tout maîtriser est une posture d’ouverture positive.
J’ai une souffrance zébrée de grâce (Christiane Singer), en même temps la souffrance, mais pas que cela, d’autant plus sensible à l’amour donnée et reçu.
Plus on vieilli, plus on se sent seul face à sa vie, face aux épreuves… mais ça peut être une saine solitude quand on est bien avec soi. Ce n’est pas incompatible avec le désir de contact, le besoin de relation.
L’isolement peut être au contraire une souffrance, quand on se sent rejeté, incompris… C’est une solitude subie et non pas choisie, on n’a pas de visite, personne qui s’intéresse à nous, plus la possibilité de rencontrer les autres…
La solidarité en la jeune génération et les aînés s’est perdu, on y croit plus vraiment. La jeune génération a ‘autres intérêt… une manière de vivre trop différentes. Par contre, aujourd’hui, on met davantage en valeur la solidarité des personnes de la même génération. Il y a une possibilité d’entraide, l’un va aider l’autre pour telle chose et l’autre pour un autre domaine, de plus c’est une socialisation (jeu de cartes, commissions ensemble…). Des préoccupations communes, elles ont vécu dans une mène culture, une même époque => des liens plus faciles, des thèmes à partager plus naturellement.
Certaines personnes sentant la fin s’approcher peuvent avoir un regain d’énergie, car elles ont besoin de transmettre encore quelque chose de ce qu’elles ont vécu, connu… S’intéresser à ce que les aînés ont vécus, valoriser leur témoignage c’est aussi valoriser leur chemin de vie et ce qu’elles sont.
Heureux – fécond et intéressant sont les trois mots clés que marie de Hennezel veut concrétiser avec les ainés. Cela se concrétise par les groupe de partage Où chacune et chacun est reconnu dans son parcours, son vécu, son expérience… Cette reconnaissance contribue à une meilleure estime de soi (exemple : témoignage dans le groupe de recueillement)
Le but n’est pas de rester jeune, de rester comme nous étions, mais bien de devenir intérieurement celle ou celui qui rayonne quelque chose de nouveau, de beau et de réjouissant.
Nous ne sommes pas égaux fasse à la vieillesse tant sur le point de la santé que de l’intériorité. Certains deviennent aigris et d’autres pas… L’histoire joue bien sûr un rôle, tout comme la personnalité, mais Marie de Hennezel ne peut dire plus précisément pourquoi certaines personnes vieillissent mieux que d’autres. Il est cependant certain qu’en cultivant son jardin intérieur, nous nous donnons plus de chances de rayonner.
La vieillesse est donc une aventure avec une part d’inconnue, une invitation à l’ouverture à ce qui est donné et à prendre le mieux possible ce qui réjouit et fait du bien. Nous n’avons plus le temps de nourrir les plaintes et les rancœurs.
Marie de Hennezel a intégré dans les groupes de partage les Ikou, ces couts poèmes japonais.
Voici ce qu’ont écrit des participants :
- « Je découvre les richesses des voyages immobiles » (l’importance de cultiver les souvenirs bienfaisants, car ils ravivent des émotions positives)
- « Sans savoir pourquoi, j’aime ce monde où je vais mourir. »
Témoignage et non pas une règle
Un NOUS
Marie de Hennezel : « Une vieillesse heureuse et féconde est possible »
Psychologue clinicienne et psychanalyste jungienne, pionnière de l’accompagnement des personnes en fin de vie en France, elle est devenue une des grandes voix de la vieillesse, vécue comme une aventure spirituelle. Tout a commencé par un rêve…
Interview Isabelle Francq
Publié le 17/09/2022 à 13h48, mis à jour le 17/09/2022 à 13h48 • Lecture 22 min.
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Marie de Hennezel, psychologue psychotherapeute ecrivaine • STEPHANE GRANGIER POUR LA VIE
La conférence « Peut-on décider de bien vieillir ? » se tiendra le 29 septembre à 19h dans l’auditorium du Monde, en présence de Marie de Hennezel, psychologue et psychothérapeute.Pour vous y inscrire, rendez-vous ici.
Derrière la figure médiatique joliment sophistiquée, c’est un parcours tout-terrain que l’on découvre en l’écoutant. Psychologue clinicienne et psychanalyste, Marie de Hennezel s’inscrit dans le sillage, marginal en France, de Jung, le dissident de Freud. Formée à l’haptonomie, elle a exercé auprès des mourants cette pratique habituellement associée à la naissance, qui met en œuvre le toucher et balaie la sacro-sainte distance thérapeutique.
Première psychologue de la première unité française de soins palliatifs, elle a partagé son expérience dans de nombreux livres. Ses combats pour le respect de la vie jusqu’au dernier souffle et son accompagnement de François Mitterrand au soir de la sienne ont contribué à la rendre célèbre. Depuis plusieurs années, c’est au tabou de la vieillesse qu’elle ose s’attaquer. Afin de révéler les belles surprises que réserve cette étape de la vie.
La Vie. Votre nom est associé à la fin de vie. N’est-ce pas lourd à porter dans une société où maladie, vieillesse et mort passent pour des gros mots ?
Marie de Hennezel. Quand, en 1995, j’ai voulu faire paraître la Mort intime, mon éditeur m’a dit : « Avec un tel titre, votre livre ne se vendra pas, la société a trop peur de la mort ! » Après avoir réfléchi, je lui ai répondu que, s’il refusait, je retirerais mon manuscrit. Je voulais le mot « mort » dans le titre ; je l’assumais. À la sortie du livre, Libération a titré « L’ange de la mort » au-dessus de ma photo, et cela a pu effectivement paraître difficile à porter. Mais pas pour moi, car j’avais depuis longtemps l’impression d’avoir un rôle à jouer dans la société. Je l’avais senti très tôt, grâce à un rêve que j’ai d’ailleurs raconté dans ce livre.
Que disait votre rêve ?
Je commençais à exercer en soins palliatifs quand une nuit, en rêve, je me vois dans une cuisine avec un homme. Celui-ci me demande de regarder dans le conduit d’une cheminée. Au milieu de la suie, je distingue qu’un liquide s’écoule. Je le touche, le goûte et découvre du miel. J’annonce alors à cet homme : « Il faut que j’aille dire à tout le monde qu’il y a du miel dans la cheminée. » Au réveil, en bonne psychanalyste jungienne familière de l’interprétation des rêves que je suis, j’ai associé ce rêve à ce que je vivais à l’hôpital.
Car, là, le travail touchait à ce que notre époque considère effectivement comme des repoussoirs : la maladie et la mort. Et de même que l’on cache la suie dans le conduit des cheminées, cette société cache la mort. Mon rêve parle d’une découverte : il y a du miel, donc quelque chose de doux, de bon, qui coule dans un conduit sale et dégoûtant. Dans le rêve, je prends conscience que cette découverte, je dois la faire connaître. J’ai alors compris ce qu’il me restait à faire.
Pouvez-vous nous éclairer ?
À mon arrivée dans le service, j’ai découvert qu’il se vit, dans l’accompagnement des mourants, des moments extrêmement précieux, humainement parlant, puisqu’il s’agit des derniers échanges avec un être qui va mourir. Peu importe que son corps soit délabré, que la mort soit perçue comme dégoûtante. Voilà une personne qui vit ses derniers instants ; c’est pourquoi les croisements de regards, les mots échangés peuvent être empreints d’une tendresse telle qu’il ne faut surtout pas passer à côté de ces moments.
Quant à mon rêve, par une métaphore, il me montrait ma mission : faire savoir que ces moments doux et précieux comme le miel méritent que l’on dépasse la répugnance suscitée par l’approche de la mort. Dès lors, je n’ai plus cessé de le dire et de l’écrire. Et j’assume sereinement d’être considérée comme « l’ange de la mort ».
Étrange destin pour une ancienne professeure d’anglais…
Effectivement, l’enseignement est mon premier métier. Et puis j’ai entamé une psychanalyse, au moment de la naissance de mon deuxième enfant. J’étais alors en recherche, pas très bien dans ma peau. La psychanalyse était à la mode, et la lecture de Françoise Dolto, qui était freudienne, m’a décidée à tenter l’aventure. Tout le monde allait alors vers le lacanisme.
Or, j’avais l’impression que mes amis qui empruntaient cette voie se retrouvaient sous le joug d’une théorie. C’est pourquoi l’appel à la liberté de Jung, qui écrit, dans Ma vie, « Je ne cherche pas à avoir des disciples qui me suivent, mais à ce que les gens se sentent libres », m’a convaincue. Je n’ai jamais regretté d’avoir choisi la voie jungienne. Parallèlement à l’analyse, je me suis aussi inscrite à la fac où j’ai obtenu un DESS (l’équivalent actuel d’un master, ndlr) de psychologie clinique, ce qui m’a permis d’exercer à l’hôpital. Sans ce diplôme, cela n’aurait pas été possible.
C’est donc en tant que psychologue que vous avez exercé en milieu hospitalier et non comme psychanalyste ?
La psychanalyse ne fait pas partie des disciplines universitaires et, en tant que telle, n’a pas de place dans les hôpitaux. Est psychanalyste celui qui a suivi lui-même une psychanalyse, c’est la seule règle. Quant au psychologue, avant d’exercer, il étudie l’anatomie du cerveau, la chimie du corps et autres matières qui n’ont pas grand-chose à voir avec le travail analytique sur soi-même.
Sans expérience de la cure, le psychologue ne risque-t-il pas d’être un sachant pour l’autre, « un assassin de l’âme », pour reprendre la critique faite par Jung à la philosophie ?
C’est un risque. Et, même si ce n’est pas exigé, je crois primordial d’avoir sondé ce qui se passe dans son propre inconscient, afin de ne pas projeter sur l’autre les questions que l’on n’a pas réglées en soi-même. Car le « sachant » peut tomber à côté, être dans le jugement. Jung conseille au thérapeute d’être non seulement à l’écoute de son patient, mais aussi de l’inviter à dialoguer avec ses propres rêves. Car nos rêves nous apportent des messages envoyés par notre inconscient. L’analyste est là pour écouter le rêve et aider le patient à comprendre ce dont parle ce rêve. Ce recours au rêve m’a semblé le meilleur moyen de s’approcher au plus près de la vérité de l’autre.
Le cœur ne vieillit pas
La question du bien vieillir se pose aux jeunes sexagénaires retraités ou en voie de l’être, nombre d’entre eux ayant encore des parents âgés et déjà des petits-enfants. Ils et elles sont à leur corps défendant au cœur de l’intergénérationnel auxquels l’entrée dans la catégorie de rentiers ouvre de multiples voies de reconversion active en étant davantage tournés vers les autres. Toutefois l’enthousiasme procuré par un surcroit de liberté se double d’une image négative de la vieillesse, du triste sentiment de devoir faire le deuil d’une jeunesse à jamais disparue, de s’accepter avec les misères de l’âge, avec l’amputation progressive de ses capacités physiques jusqu’à l’horreur de la dépendance. Cette transformation nécessaire c’est un renoncement au divertissement vain du monde extérieur pour faire la place à une joie intérieure offerte gratuitement à l’entourage social et familial. C’est tout un apprentissage afin de découvrir en soi une autre façon de vivre la suite sans regret ni amertume, plus ouverte à l’intelligence du cœur. La réponse est celle « d’être » et non plus celle de « faire ».
Olivier Clerc
Que là où se pose mon regard, que l’espoir renaisse
Que là où porte ma voix rayonne l’amour et la sagesse
Que là où je pose la main, circule la vie
Là où je passe que des trace de joie soit laissée
Là où je demeure, que la lumière rayonne
Source de toutes vie, protège-moi de moi-même et des autres, aide-moi à resetr dans la lumière, merci source de vie
Ils ont la foi et ils le disent
Jeu, 01/12/2016 – 00:00. Mis à jour le Mar, 22/09/2020 – 17:08
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Dans une société qui compte de plus en plus d’athées, dire sa foi chrétienne est devenu compliqué. Même au sein de sa famille, en période de Noël. Enquête.
C’est le moment de l’année que Sophie, 67 ans, préfère. Les quelques semaines qui précèdent Noël et où elle donne à sa maison un aspect « spirituel », comme elle dit. Car, derrière les arrangements végétaux disposés ça et là et les photophores peints à la main dans lesquels scintillent des bougies, c’est la naissance de Jésus qu’elle célèbre. Mais elle le garde pour elle. « Les amis qui viennent me voir durant la période de l’avent me félicitent pour mes idées « déco ». Ils n’imaginent pas que c’est ma foi qui m’inspire. Je n’en parle pas, ils me trouveraient arriérée. »
Les amis n’imaginent pas que c’est ma foi qui m’inspire.
Guy et Marlène, respectivement 71 et 69 ans, ne dissimulent pas leurs croyances lorsqu’ils déballent leur crèche de Noël au pied de leur sapin. Mais ils ne les mettent pas en mots. « L’an dernier, nous n’avons pas pu nous empêcher de reprendre notre petite-fille qui voulait prénommer le bébé qui dormait dans son berceau de paille « Léo ». Cela nous a mis mal à l’aise : nous avons eu peur de paraître ridicule face à notre gendre, qui est athée, et de froisser notre belle-fille, qui est musulmane. » Eux, en revanche, sont de plus en plus froissés par le fait que Noël soit recouvert d’une avalanche de cadeaux. Comme s’il s’agissait juste d’une fête commerciale où Jésus n’avait plus rien à faire. Pour autant, ils jouent le jeu. « Ce qui compte, c’est que nous nous retrouvions en famille, sourit Marlène. Nous ne voulons pas de conflits. Alors, nous gardons nos convictions pour nous. »
Les partager ferait-il forcément d’eux des prédicateurs anti-athéisme et anti-islam ?
La foi, sujet à haut risque
Il faut reconnaître que se lancer dans un débat religieux peut s’avérer scabreux. Bien que la Constitution helvétique démarre encore avec la phrase « Au nom de Dieu Tout-Puissant », la Suisse n’est pas dotée d’une religion d’Etat ; la spiritualité et, a fortiori, le positionnement confessionnel, sont considérés comme des affaires privées qui relèvent, pour beaucoup de croyants, de leur jardin secret. D’autant plus secret que le contexte sociétal est à l’athéisme. Le nombre de personnes sans confession a doublé depuis l’an 2000. Selon l’Office fédéral de la statistique, un habitant de la Suisse sur cinq se déclare sans appartenance religieuse. Comme l’enseignement religieux à l’école est facultatif, sauf en Valais où il est obligatoire, la proportion de nos compatriotes n’ayant aucune connaissance des religions et de leur histoire singulière, s’accroît. Cela ne favorise évidemment pas les débats spirituels ou confessionnels nourris, qui ne versent pas immédiatement dans le jugement de valeur.

La majorité des croyants suisses étant chrétiens (38,2 % de catholiques, 26,9 % de protestants et 5,7 d’autres chrétiens – Source: Office fédéral de la statistique), parler de la « foi » peut vite s’apparenter à une manœuvre nationaliste sournoise. Une manière de brandir des valeurs prétendument originelles pour rappeler aux non-chrétiens qu’ils ne sont pas du même terroir. « Parler de sa foi peut pourtant favoriser le rapprochement des peuples », affirme Vincent Schneider, 49 ans, diacre en formation, qui travaille à l’accueil des requérants d’asile, dans le cadre de la paroisse de l’Eglise réformée du Joran, dans le canton de Neuchâtel. « En ce sens, le fait de vivre dans une société multireligieuse m’apparaît comme une chance. Cela donne la possibilité aux croyants de partager leur expérience spirituelle commune, mais d’en parler avec leurs clés de lecture respectives : c’est donc une source d’enrichissement pour la compréhension de l’autre. »
Les mots pour la dire
Pour parler de sa foi, encore faut-il disposer de mots pour « la » dire. C’est là où Marie, 72 ans, flanche. « Récemment mes petites-filles m’ont questionnée sur Dieu. Existe-t-il ? Où habite-t-il ? Je me suis sentie limitée dans mes réponses. Il me revenait des bribes de mes leçons de catéchisme, mais je voyais bien que je les décevais. Si l’enfant que j’étais s’est passionnée pour l’épisode de l’Ange Gabriel, mes petites-filles se sont montrées plus réservées. L’aînée, 10 ans, m’a demandé : « Tu veux dire que Marie a eu une insémination artificielle ? »
Comment évoquer sa foi ? Les croyants n’ont pas tous la curiosité intellectuelle de Sœur Emmanuelle (lire témoignage de Michaël Lonsdale) qui s’est nourrie des grands mystiques. La faible fréquentation des églises et des temples ne traduit-elle pas (aussi) un problème de communication entre les représentants religieux et leurs ouailles ? Claude-Inga Barbey et la pasteure, Carolina Costa, en sont convaincues (lire leurs témoignages). En tout cas, la corédactrice en chef de la toute nouvelle revue Réformés (fruit de la refonte de trois titres protestants romands), Elise Perrier, a envie de rendre plus visibles « les trésors » que recèle l’Eglise réformée. « La culture protestante incite à la discrétion. Les gens ont du mal à parler de leur foi, et donc à la transmettre. Même parmi les personnes les plus cultivées. » Avec ses codes graphiques de magazine d’information qui tranchent avec l’image d’austérité que véhicule le protestantisme, Réformés (220 000 exemplaires) espère bien changer la donne et reconnecter la société contemporaine avec le christianisme et, plus particulièrement, avec les valeurs de l’Eglise réformée.
TÉMOIGNAGES
«J’écris avec ma foi»

Eric-Emmanuel Schmitt, 56 ans, écrivain
« Je ne cache pas d’où je parle : j’écris avec mon âme et mon âme est soutenue par ma foi. Tous mes livres sont teintés de cela. Dans le dernier, La nuit de feu, je raconte mon expérience mystique dans le désert, à l’âge de 28 ans, où je suis entré athée et dont je suis ressorti croyant. J’étais parti en excursion avec un groupe et je me suis perdu une trentaine d’heures sans rien à boire ni à manger. Alors que j’aurais dû atteindre le paroxysme de la peur, j’ai éprouvé une confiance infinie dans le mystère. Cette aventure glaçante s’est transformée en expérience mystique et spirituelle qui m’a transformé. Et a modifié complètement mon regard sur la vie.
Car il n’y avait pas plus athée que moi : je viens d’une famille d’athées, je n’ai donc pas suivi d’instruction religieuse ; j’ai passé un doctorat sur Diderot et suis devenu professeur de philosophie. Et, soudain, cette certitude, en sortant du désert, que le monde n’était pas absurde. Je me suis mis à lire les mystiques des grandes religions, pour mieux comprendre mon expérience. C’est après la lecture des quatre évangiles que je suis devenu chrétien. Ce cheminement dans la spiritualité reste présent en moi. J’écris donc en m’adressant autant aux non-croyants qu’aux croyants. Il faut parler de ce qui unit les hommes et non de ce qui les sépare. On est frères en ignorance, avant d’être frères en croyance. Ce qui me paraît important est de chercher le socle commun à tous les hommes. Aujourd’hui, je me définis comme un agnostique croyant. Cela veut dire que je ne sais pas si Dieu existe, mais que je crois que oui. Au niveau de la raison, je doute, mais, au niveau spirituel, je suis convaincu. En tout cas, depuis que j’ai la foi, le monde fait plus sens pour moi. Quand je ne comprends pas, je m’accuse, moi, de mes limites et non pas le monde des siennes. La foi m’a rendu humble, confiant, plein de compassion. Elle me fournit une énergie que je n’avais pas auparavant. Je ne vacille plus. J’avance. Je suis ressourcé par les valeurs qui sont les miennes et que je cherche à incarner. »
La nuit de feu, Editions Albin Michel
« Il faut trouver de nouvelles formes pour communiquer sa foi »

Caroline Costa, 36 ans, pasteure à mi-temps, comédienne et productrice
« Quand j’ai annoncé à ma belle-mère espagnole que j’étais pasteure, elle a cru que je gardais les moutons. Il faut dire que j’ai connu son fils dans une école de chant à Paris où, après des études de théologie, j’étais venue explorer l’autre passion de ma vie, la chanson. J’y ai rencontré mon mari, Victor Costa, agnostique, comédien, chanteur, metteur en scène. Il ne s’est pas douté que mon amour pour lui me ramènerait vers la quête de l’Amour absolu. Et donc vers Dieu, car ma foi repose sur l’idée que Dieu est amour.
De retour à Genève, j’ai donc décidé de faire un stage pour devenir pasteure. Cela fait sept ans maintenant que j’exerce à mi-temps un ministère pastoral dans l’Eglise protestante de Genève, au LAB, destiné aux jeunes adultes. Méditation, antenne LGBTI, Youth community sont quelques-unes de nos activités exploratoires pour de nouvelles formes d’Eglise pour les jeunes générations. L’autre partie de mon temps, je tourne des séries Web-TV avec mon mari. Nous nous sommes inspirés de notre vie quotidienne pour créer la série humoristique Ma femme est pasteure, dont nous enregistrons la deuxième saison. Nous mettons en scène nos divergences spirituelles, entre autres. Par le biais de situations quotidiennes, nous essayons de faire prendre conscience que tout peut être prétexte à questionnement spirituel : jugement d’autrui, enfermement, générosité… Nous sommes soutenus par les Eglises réformées romandes (VD, NE, FR, GE, Médiaspro), car elles voient dans notre démarche l’occasion de dépoussiérer l’image austère du calvinisme. Elles aspirent à s’ouvrir à d’autres modes de communication pour entrer en lien avec les jeunes. Au moment où nous fêtons les 500 ans de la naissance de la Réforme dans le monde, je crois qu’il est urgent de revisiter notre langage et nos manières de pratiquer la foi. »
« J’aimerais dire ma foi sans me faire traiter d’illuminée ! »

Claude-Inga Barbey, 55 ans, comédienne, chroniqueuse et écrivaine
« Je ne fais pas de prosélytisme pour la foi chrétienne. Mais cela m’énerve qu’on suspecte les femmes qui trouvent la foi sur le tard d’illuminées frustrées. Pour moi, il y a clairement un avant et un après la révélation. Cela s’est passé l’espace d’une nuit. Je dormais, je me suis réveillée et j’ai découvert dans ma chambre une présence irisée, que je ressentais physiquement. Elle a communiqué avec moi par télépathie pour me dire qu’elle allait prendre soin de moi et que je ne devais plus avoir peur. Pensant que j’étais victime d’une hallucination, je me suis levée et suis descendue dans la cuisine. J’ai alors ressenti une chaleur m’envahir, comme si on m’avait vidé une seringue d’apaisement dans le corps. Après cette nuit, j’ai lu plein d’ouvrages sur la foi, des témoignages plus ou moins historiques et intellectuels. A un moment, j’ai décidé d’arrêter de lutter contre cette foi que je sentais grandir : je me suis inscrite au catéchisme et me suis fait baptiser deux ans après. Ma foi n’est pas liée à un dogme. Mais je me sentais plus à l’aise dans les rites du catholicisme. J’aime pouvoir allumer une bougie et prier. Ce qui a changé ? Ma foi m’amène à tout envisager du point de vue de l’amour. Lorsque je vis une situation difficile ou stressante, je me demande « que ferait l’Amour ? ». Cela m’aide à trouver la réponse la plus positive. Du coup, je suis devenue moins crispée, moins angoissée. Beaucoup plus légère. Je me sens moins seule aussi, car je parle tout le temps à Dieu. Je le vois dans les beautés du monde et je le remercie de me faire vivre des moments de bonheur. Parfois, je lui demande du courage et de la force. Transmettre sa foi fait partie des missions chrétiennes. Et je m’y emploie à ma manière. Dans mon spectacle Laverie paradis, je parle d’espoir, ce qui est une façon de parler de Dieu. Je vais à l’église une fois par semaine, car j’aime partager ma foi avec d’autres, mais je suis souvent consternée par le sermon du curé. Tout est sage et prévisible, cela m’énerve. Il y aurait tant à dire pour ouvrir le cœur des gens, déciller leurs yeux et tant à faire dans le quartier autour de l’église pour rétablir de la fraternité. Je regrette qu’il y ait si peu d’endroits où l’on puisse parler de spiritualité. »
« J’ai envie de faire connaître ceux qui ont donné leur vie pour les autres »

Michael Lonsdale, 85 ans, comédien, auteur d’un tout récent livre de témoignage sur sa foi
« Je suis un enfant naturel, né hors mariage, considéré comme une honte par sa famille. Si Dieu ne m’avait pas sauvé, j’aurais pu mal finir. A des moments importants de ma vie, j’ai écouté ses appels et j’y ai répondu. Nous sommes tous appelés. Dans un monde marqué par le chômage, la violence, la pauvreté, les familles disloquées et la solitude, l’amour de Dieu est pour nous la plus grande des espérances. L’homme moderne a le tort de le chercher dans une réflexion, alors qu’il faut juste éprouver sa présence. Son Amour. Dieu est la force de bonté qui structure le monde, qui donne la vie, laissons-nous porter par Lui. Le chemin vers Dieu est très personnel. Les grandes traditions sont là pour nous aider, mais chacun d’entre nous doit tracer sa route. Lorsque des responsables religieux proclament qu’ils détiennent le monopole d’accès à Dieu, cela me gêne beaucoup. Je préfère suivre des êtres comme Sœur Emmanuelle, qui était d’une grande curiosité, qui a lu aussi bien Bouddha et Confucius que le Talmud et le Coran. Elle aimait affirmer : « J’ai trouvé partout des grâces et des merveilles. » Dieu n’est pas dans le ciel ni dans les nuages. Il est, par son Esprit, en chacun de nous. Je pense que, être croyant, c’est tenter de libérer l’Esprit que nous enfermons à double tour dans notre cœur, d’où il ne peut plus sortir. J’aime dire : « Entre Seigneur, et sois vivant en moi. » Dès que je peux, je parle avec Dieu. Certains jours, je suis pris par une espèce de paix extraordinaire, de respiration profonde. Le succès du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, dans lequel je jouais Frère Luc, a ranimé une certaine fierté parmi les chrétiens. Oui, croire à Dieu, c’est d’abord aimer son prochain. C’est être capable de donner sa vie aux autres. J’essaie d’incarner ce message d’amour en aidant les plus démunis. Je donne à manger à des SDF. Je suis allé apporter de la musique aux migrants de Calais. Et, surtout, je donne à entendre, au travers des spectacles, la voix de Thérèse de Lisieux et de François d’Assise. Il faut qu’on connaisse tous ces gens. Ils ont tant donné à l’humanité. Ils sont un message d’espoir. Les gens ont besoin d’espoir. Les églises sont vides, mais les chemins qui mènent à Compostelle sont remplis de pèlerins. Les mouvements de fraternité sont nombreux et intéressants. L’Eglise doit se renouveler, proposer d’autres lieux d’accueil pour vivre sa foi et la partager avec les autres. »
Il n’est jamais trop tard pour le plus grand Amour, Editions Philippe Rey.
Véronique Châtel
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